Samedi 15 juin: GAME OVER ! Vous avez 3500 points (km)

Nous venons de passer la nuit à l'hôtel express dans la charmante petite bourgade de Tatarbunary (oui, oui ça existe...). Il est 7h, nous partons vers Odessa. Le soleil brille, un doux zéphyr nous caresse le visage, tout baigne!  Après 3km nous arrivons à l'embranchement de la route principale et de la route secondaire qui  longe la côte. Nous décidons de prendre le trajet secondaire qui sera moins encombré à l'arrivée à Odessa et sans doute plus pittoresque.
Nous attaquons un montée annoncée à 10% mais nous montons sans problème, le mollet alerte et la cuisse fringante.
Moi, Annie , je suis devant, et soudain j'entends un bruit de choc et de moteur...Marie n'est pas tombée me dis-je sans y croire???? Et à ce moment une lada hors d'âge me double et les occupants me crient des choses incompréhensibles. Mon sang ne fait qu'un tour et mon vélo un demi tour! Je descends à 200km/h les 50 m qui me séparent de Marie. Un camion est arrêté, le vélo est à terre, Marie est assise dans l'herbe, le visage en sang! Le bras gauche  en charpie, le pouce droit à angle droit, avec la chair explosée, on voit l'os...
C'est un laitier tout endormi qui ne l'a pas vue et qui l'a propulsée plus vite que prévu. Mais il est correct, il apporte de l'eau pour nettoyer les plaies, et appelle l'ambulance.Pendant ce temps là je contacte l'assurance sans perdre de temps. Le responsable de l'accident charge les vélos et les bagages à côté de la citerne de lait et tout le monde part à l'hôpital.


Le temps que je décharge les montures, Marie a disparu dans l'hôpital, personne ne peut rien me dire, tous me regardent comme une extra terrestre, j'arpente les couloirs en criant "Marie" et enfin une petite voix me réponds.
Maintenant il me faut le N° de tel de l'hôpital pour l'assurance! Personne ne comprends ma demande...un médecin assez âgé qui parle quelques mots de français passe par là, regarde rapidement notre blessée et la laisse  aux mains d'un jeune toubib. Il me dit que tout va bien aller et me griffonne le N° de l'hôpital sur le papier que je lui tends. Soudain toute une escouade de police arrive et oh miracle, avec eux il y a une dame assez âgée, Olga, qui parle un français impeccable, pour la bonne raison qu'elle a enseigné cette langue pendant 46 ans.
La police prends la déposition du laitier mais il dit que Marie s'est déportée sur la gauche; cela ne correspond pas à mes observations: les traces du vélos sont nettes car entre le bitume et la partie en herbe il y avait un peu de terre meuble et les empreintes des roues du vélos y sont imprimées! Nous allons donc avec un expert photographe sur les lieux du crime! Il y a quelques indices dans l'herbe: morceau du casque, comprimés de Doliprane, tombés de la poche du pantalon, bouchon de la crème solaire... ce qui corrobore ma version des faits!
Après ces premières constatations tandis que Marie est en train de se faire soigner, gardée par deux policiers je suis enfermée au commissariat et pendant des heures, on tape des rapports, on me fait répéter 20 fois la même chose... Marie est ramenée vers midi par ses gardes du corps, nouveaux témoignages, nouveaux interogatoires et enfin à 15h15 on nous emmène à l'hôtel situé près du commissariat; les policiers nous précisent que nous n'aurons pas à payer notre hébergement. Il est à noter que si la procédure a été très longue les policiers sont toujours restés courtois et ont fait de leur mieux pour nous aider: transport du vélo chez Olga, transport de nos bagages, offre de thé...



Heureusement il y a Internet car nos crédits de Mobicarte sont épuisés (comme nous) et à l'aide de mon ordi je peux participer à la mise en place  du rapatriement. A 22h45 tout est réglé, un taxi viendra nous récupérer à 10h le dimanche pour nous conduire à Odessa, puis avion jusqu'à Vienne, puis nouvel avion jusqu'à Paris, puis encore un avion pour Nantes,et enfin un taxi ambulance pour La Ronde. Je suis accompagnatrice de la blessée; les vélos sont restés sur place, le mien chez notre amie Olga, celui de Marie à la police comme pièce à conviction car une expertise doit avoir lieu pour le tribunal.
Nous récupérerons tous ce matériel plus tard, pour l'instant il faut poursuivre les soins: radios, désinfection des plaies..



D'ici quelques jours nous rajouterons quelques photos plus attrayantes, de notre voyage, sur  la page photos ....
                                                                         THE END!!!
Dommage...
Nous nous sommes bien amusées pendant ce voyage jusqu'au samedi 15 juin mais maintenant plus question de le poursuivre....de toute manière nos visas vont bientôt expirer,  mais pas nous...et nous repartirons en vélo un jour sûrement.


Dimanche, journée touriste! Nous avons sauté dans le premier bus venu qui passait près de l'hôtel, sans savoir où il allait mais coup de génie, il nous a emmené au centre ville où  nous voulions  aller! Nous avons découvert à pied les principaux centres d'intérêt cités par le guide du Routard. Ville qui au départ nous a rebuté mais qui mérite après réflexion de s'y arrêter.


Dans l'après midi nous avons repris nos montures pour nous rendre au camping  nord.. Pour cela nous avions interrogé au restau des  jeunes gens munis des dernières technolgies et ils nous avaient très bien conseillé sur le chemin à suivre depuis la gare du nord! Facile, à moins d'un km de notre lieu de résidence,  il y avait une piste cyclable qui traverse de magnifiques parcs mais qui malheureusement finit sur une autoroute! Par chance, une voie parallèle menant dans un centre commercial qui n'a rien a envier aux nôtres (Ikéa, carrefour, ....) nous permet d'atteindre le camping sans trop de  problèmes. par contre nous nous interrogeons sur le chemin à prendre le lendemain pour aller en direction de l'Ukraine sans prendre l'autoroute; ni l'employé du camping peu coopératif, ni nos voisins allemands, ni nos voisins anglais ne peuvent nous renseigner! Mais ces derniers nous réconfortent avec un verre de vin hongrois et deux sièges.

La nuit portant conseil le lundi nous poursuivons la route qui nous a ammené au camping et qui part vers l'est; nous traversons une banlieue chic puis nous nous  trouvons dans des embouteillages! Nous partons vers le nord,  traversons la campagne et arrivons sur un périphérique, un peu encombré, y compris par les piétons qui traversent! Mais cela nous conduit dans la bonne direction sur une route étroite surchargée de voitures, de camions, et on a très peur!

Enfin après quelques km de cet enfer, nous trouvons la nationale 3 celle que l'on cherchait. Attention une nationale ici ça ne veut rien dire, il y circule autant de charettes que de voitures.donc ça nous va!



Il n'y pas beaucoup de villages et encore moins  de lieux d"hébergements. Après 105 km nous nous arrêtons: une seule solution, dormir à côté de l'église!

 Bien nous en a pris car le sacristain qui passait par là nous a donné sa bénédiction. Puis il est revenu avec sa famille et ses amis pour discuter, l'instituteur était de la partie, il parlait un peu français , un peu anglais... et puis la météo s'en est mélée, gros coup  de vent attendu à 3 heures du matin, alors  nos protecteurs inquiets nous ont  trouvé une maison pour nous abriter, en face de l'église! Grand merci à eux, dommage, nous étions trop fatiguées pour poursuivre la conversion alors  qu'il y avait une nouvelle personne qui parlait espagnol , langue que nous maîtrisons un peu.
Avons nous trop bien dormi où la météo roumaine n'a t-elle pas la même fiabilité que la météo suisse, mais nous n'avons rien entendu du coup de vent!
Mardi,  grosse journée! Nous devons aller jusqu'à Braila si nous voulons un camping. Nous roulons donc 125 km, malgré un arrêt assez long pour cause de pluie; hélas, le camping, 5km avant la ville,  n'est pas tout à fait à la hauteur de nos attentes surtout au niveau sanitaires (et pourtant nous ne sommes pas bégueules).
Mercredi 12 juin, nous partons à Braila, nous cherchons la poste pour acheter des timbres; un vendeur dans son kiosque nous renseigne et nous fait ranger les vélos dans la cour derrière son lieu de travail, enfermés à clé, la confiance  n'est pas de mise! A notre retour il nous offre un café et discute des conditions de vie ici, il parle un peu français. Nous repartons vers Galati, sur la route nous rencontrons un cycliste photographe qui nous parle des dangers  de banditisme... Arrivées à Galati, une dame d'âge respectable (le nôtre) nous alerte sur les risques de se faire braquer en mimant un révolver! Sympa l'ambiance!
Alors nous fuyons vers la Moldavie mais pas pour longtemps car 3 km plusd loin nous sommes en Ukraine! Là ce sont les douaniers qui font preuve d'une grande méfiance à notre égard! Nos passeports circulennt de mains en mains, de bureaux en bureaux, nous devons ouvrir nos bagages, énumérer ce qu'ils contiennent et finalement nous avons le feu vert et les recommandations de prudence d'un jeune fonctionnaire! Mais ces recommandations ne concernent à priori que l'état des routes! Nous voilà rassurées mais pas pour bien longtemps car non seulement la route est pourrie mais un orage s'abat sur nos têtes! Aucun abri en vue, nous tendons la bâche au dessus des vélos et nous nous blotissons, dessous assises sur nos casques !
Vent violent, pluie, tonnerre, grêle, ont vite raison de notre abri de fortune! Après l'acalmie, nous repartons,  trempées, sur une route innondée, des torrents de boue dévalant sur les côtés.. l'ambiance n'y est plus nous arrêtons au premier village, qui possède un hôtel tout neuf, très propre, où nous louons une chambre avec WIFI pour 16 euros!
Hier samedi nous avons pris le train à Turnu Severin; celui ci ne prenanit pas les vélos mais un chauffeur de taxi qui parlait français nous a dit de nous arranger avec le chef de train et il a entamé les négociations pour nous! Nous avons donc payé 60 lei (15 euros) pour mettre nos montures  au fond du dernier wagon. Nous avons tenté 50 lei mais ça n'a pas marché car à Craiova il y avait changement de chef de train donc il en fallait pour deux! Bon on ne s'en est pas trop mal tirées sur ce coup là.. nous avons parcouru 350 km en 5 heures ce qui  ça nous a permi de découvrir la campagne roumaine. A Bucarest nous avons trouvé un hébergement en dortoir pour 25 euros  deux dans la Villa 11 près de la gare du nord (guide du routard); difficile à trouver, un rabatteur nous y a conduit , on a dû lui donner 5 lei... aucun service gratuit ici contrairement à la Serbie.
Aujourd'hui dimanche nous visitons Bucarest et pensons rejoindre la campagne dès ce soir.
Nous ne savons pas si nous pourrons nous connecter bientôt, dans 3 jours nous devrions être en Ukraine...
Mardi 4 juin nous sommes arrivées comme prévu à Belgrade et avons récupéré notre matériel intact au camping à 22h 30!. Merci  au personnel de Duna Camp pour sa gentillesse!
Mercredi 5 nous sommes parties vers 7h 30 et avons rapidement trouvé la piste cyclable qui mène à Pancevo sans se perdre dans Belgrade; un tout petit cafouillage pour trouver le pont de Pancevo. Nous avons rendu visite à la famille Odranovic chez qui j'avais (Annie) dormi il y a 4 ans en revenant d'Istambul. Accueil chaleureux, nous avons dû manger la soupe, les spaghettis et les cerises du jardin; Une famille formidable!
Le soir nous avons trouvé l'aire de loisirs de Kovin où vont les pêcheurs et nous y avons dormi.
Jeudi matin en quittant Kovin nous avons décidé de prendre un café et en même temps de remplir  nos gourdes et le serveur gentillement ne nous a pas fait payer le café! Ca alors, en France quand un hotelier voit un touriste il fait payer le prix fort, ici c'est gratuit...chercher l'erreur!
Nous avons pris un raccourci pour atteindre le bac et traverser la rivière: Marie teste l'influence du rouge sur l'humeur bovine!

Après quoi nous nous restaurons en attendant le bac : qui a dit qu'on ne mangeait pas?


Belle balade ce jeudi et nous finissons la soirée sur un camping perdu  près du Danube, le camping Toma!

Vendredi 7 juin, journée d'enfer: 22 tunels de 60m à 374m où il fait tout noir et nous avons très peur!

Heureusement nous sommes visibles avec nos lampes avant arrière  et sur la tête; nous avons aussi des trucs flu partout! De vrais sapins de noêl mais avez déjà essayé de vous éclairer avec un sapin de Noel? pas possible, on ne voit rien ! Par contre à la sortie des tunnels, paysages magnifiques! Nous sommes aux portes de fer.


Pour agrémenter le tout 5 km de côte à 10% que Marie grimpe allègrement sans que ses genoux grincent...



Et pour nous récompenser ce soir nous dormons dans une vraie chambre avec de vrais lits, que nous avons marchandé à 25 euros au lieu de 28, ça  permet de boire une bière!
Demain nous passons en Roumanie à Turnu Severin où nous allons essayer de prendre le train pour Bucarest afin de rattraper le retard, accumulé à cause des enterrements, sinon nos visas russes vont expirer avant qu'on arrive en Russie...A bientôt.